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La dépense publique est-elle une charge ?

26 Mars 2014 , Rédigé par Club des épargnants Publié dans #Société

La dépense publique est-elle une charge ?

Je vous livre cette réflexion de Christophe Ramaux, chercheur au centre d'économie La Sorbonne – Matisse.

« Trop souvent, les citoyens entendent que la dépense publique est un poids insupportable pour la société. Un discours trompeur, car les services publics sont et doivent demeurer un outil au service du bien-être commun.

La dépense publique représente un peu plus de 50 % du PIB en France.

Mais cela ne signifie pas que «plus de la moitié de la richesse va au secteur public».

Plus du tiers de cette dépense est constitué de prestations sociales en espèces (378 milliards d'euros en 2010 ; retraites, allocations chômage, etc.) versées aux ménages.

Quant aux fonctionnaires, ils ne sont pas improductifs, ils augmentent le PIB et leur création de services non marchands se retrouve dans la consommation des ménages sous la forme des transferts sociaux en nature (311 milliards en 2010), comme les soins et l'éducation.

On mesure ainsi la vacuité du discours assimilant par principe la dépense publique à une «charge ». Près de la moitié du revenu des ménages provient de la dépense publique et, avec la production non individualisable (justice, police, armée, etc., soit 169 milliards en 2010), on dépasse les 50 %.

L'impôt sert à payer les services publics.

Il joue, au fond, la même fonction que le prix pour le privé : il valide la production des fonctionnaires. A combien valoriser les heures de travail de chacun ? C'est à cette question centrale que répondent les prix et l'impôt. Ainsi, certains métiers du privé comme du public sont plus ou moins valorisés selon les pays et les époques.

Cette dépense publique est indispensable au privé : l'économie a tout à gagner d'une population éduquée ou d'infrastructures modernes. Et les retraites ou les allocations chômage soutiennent la consommation, et donc les débouchés des entreprises. Les nations qui ont une dépense publique élevée sont souvent celles où il fait plutôt bon vivre, comme dans les pays nordiques, où il est admis que payer des impôts est une bonne chose.

Les pays néolibéraux ont fait un choix inverse. Les inégalités y sont plus grandes et cela s'avère finalement plus coûteux: les Etats-Unis consacrent 17 % de leur PlB pour la santé (13 % en France) et ont des indicateurs sanitaires moins bons.

Aux Etats-Unis des contributions sont versées aux fonds de pension et aux assurances privées qui ne rentrent pas dans les prélèvements obligatoires, puisque ceux-ci désignent ce qui est versé aux seules administrations. En clair: les prélèvements obligatoires y sont moindres, mais ceux au bénéfice du privé y sont plus importants.

Le secteur public n'est évidemment pas irréprochable. Le risque de bureaucratisation, donc d'inefficacité pèse sur lui. Il faut l'améliorer afin qu'il remplisse toujours mieux ses missions.

Mais une chose est de dire cela en imaginant un contrôle plus étroit des usagers, autre chose est de prendre prétexte de dysfonctionnement pour le démanteler. Le secteur public assure des missions que la société juge nécessaire de soustraire au jeu des intérêts capitalistes. Il importe, pour la justice sociale ou par souci d'efficacité, de placer certaines missions sous contrôle public (la justice, mais aussi l'éducation, la santé, l'eau, l'énergie, les transports collectifs, la retraite, le chômage, etc.).

L'écologie exige des investissements publics massifs particulièrement sur trois volets : l'isolation des bâtiments, les transports collectifs et les énergies renouvelables.

Depuis trente ans, néolibéralisme oblige, les services publics sont à la diète et les privatisations progressent.

Le bilan est peu satisfaisant : les rapports s'accumulent qui pointent la dégradation dans les secteurs exigeant des engagements massifs (transports ferroviaires par exemple) ou bien encore les dérives financières des partenariats public-privé.

Cette offensive a déstabilisé l'Etat social. Faut-il en conclure qu'il a disparu ? En fait, la redistribution est toujours massive.

En termes de revenus primaires (salaires, revenus du capital, etc.), donc avant toute redistribution, les 20 % des plus riches touchent, en moyenne, 8,1 fois plus que les 20 % les plus pauvres.

Les prestations sociales en espèces permettent de réduire l'écart à 5 et les transferts en nature (soins, éducation, etc.) à 3,2. Il reste néanmoins de la marge pour davantage de justice sociale. »

Eric Wallez

Président Club des épargnants

Président régional Comité Bastille

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