Qu’est-ce qu’un être humain ?
Tous nos malheurs viennent de ce que nous ne
savons pas ce que nous sommes,
et ne pouvons nous mettre d'accord sur ce que nous
voulons être.
Vercors
Nous posons
comme évidente la définition scientifique de l’être humain : C'est un être
vivant, un animal, un vertébré, un mammifère, un primate[1],
dont l’espèce la plus proche au plan génétique est le singe anthropoïde (dans
l’ordre de proximité de codes ADN : Bonobo, Chimpanzé, Orang-outan,
Gorille).
Ceci posé, il
est depuis Février 2014 proposé de considérer dans nos travaux trois (et non
plus deux) définitions complémentaires de l’être humain. Trois, et non plus
deux, parce qu’il n’y a que les sots que ne remettent pas en question leurs
positions :
L’être humain au sens scientifique plus précis,
Homo Sapiens Sapiens, c'est à dire le primate parvenu à la station
verticale parfaite, au crane en équilibre sur la colonne vertébrale, et à
la pratique du langage complexe et transmissible par l’écrit. Les
anthropologues savent très bien le définir : l'équilibre du crane sur
la colonne vertébrale est possible grâce à la longue voute plantaire deux
fois courbée (avec atrophie des orteils, au point de pouvoir se tenir sur
la pointe des pieds) et au muscle fessier, et aussi au déplacement du
Cortex en avant du crane, qui explique que le visage humain présente un
front que n’a aucun autre primate.
L’être humain au sens humaniste, c'est à dire
celui qui est ‘capable d’humanité’. Pour en être capable, il progresse de
lui-même s’il le décide (car il en a le choix, qu’il est libre d'utiliser
ou pas) vers plus ou moins d’humanité, en faisant comme il peut, pour le
mieux, et quand il a le temps, vers plus de vérité, donc
accroissement des connaissances, mais aussi s’interdire le mensonge; de justice, donc invention du concept de droit, mais aussi combattre la spoliation,
l’abus de pouvoir, le vol, le viol, la corruption…; plus d'empathie, donc
capable de concevoir les institutions de la solidarité, mais aussi choisir
de lui-même un comportement plus solidaire et plus charitable, une
attitude plus miséricordieuse; refusant l’indifférence à la condition de
l’autre qui demande de l’aide ou qui a besoin d’assistance, donc refus du
mépris; et se convaincant en fin de compte que la dignité humaine n’est
pas négociable, donc à l’extrême plus de compassion. Mais
attention: Des naturalistes comme Frans de Waal affirment que les concepts
de justice et d'empathie sont perçus et pratiqués par certaines espèces
animales, évidemment plus évoluées que les mollusques. Peut-être donc que
la qualité d'humanité définie par les humanistes, qui est pratiquée de
toute façon par seulement une petite minorité d’êtres humains, n'est pas
tout a fait spécifique à l'Homo Sapiens...
Enfin, l’Être Humain tel qu’il a été défini historiquement,
en pratique, faute de mieux, sans opposition formelle et organisée : L’être humain est celui qui est accepté, ou si vous préférez coopté, par
la grande majorité de l’Humanité. Ainsi au 18e siècle, le noir
africain, tasmanien ou mélanésien, l’aborigène australien, et beaucoup d’autres, n’étaient pas reconnus comme humains. On pouvait en faire des esclaves, ou
des proies. On pouvait les chasser d’un territoire. On pouvait les rouler dans la farine avec des contrats qu'ils ne comprenaient pas. Et cette volonté de
cooptation a très lentement progressé, mais reste un objet de controverse
qu’on entend s’exprimer par exemple quand on juge que les Roms sont
inassimilables ou quand on compare une femme politique à une guenon. Cette
cooptation reste influencée par un archétype qui nourrit nos préjugés :
Celui de l’Homme élu pour conquérir, diriger, exploiter et parfois
détruire le Monde Vivant, auquel appartiennent toutes les espèces animales
qui ne sont pas élues comme humains (élues… ou même désignées par un droit
divin,) y compris tous les primates et hominiens a qui on refuse la
qualité d’humanité.
Nous, Comité Bastille, posons comme axiomes que :
·
Seule la république laïque peut encourager cette capacité d’humanité et
décourager les pulsions tribales, et ceci chez un individu de quelque
culture que ce soit ; tout en sachant que cette culture, qui est en
partie portée par un inconscient collectif, peut constituer une barrière très
dure et violente à l'évolution vers plus d'humanité. Cette barrière, cependant,
est plus faible, voire parfois nulle chez la femme, et encore nulle chez
l’enfant jusqu'à 3 ou 4 ans. (Se souvenir de la promesse de l'enseignement
jésuite: Confiez nous un enfant entre les ages de trois et sept ans, et nous en
ferons un catholique pour la vie.)
·
Seule la république laïque peut encourager le respect
du règne vivant tout entier, comme le posait Claude Lévi-Strauss, et soutenir que
la qualité d’humanité ne soit jamais réduite à une division chirurgicale cruelle
et arbitraire entre l’Humain considéré comme hors de, et au dessus de la Vie, et
tout le reste. Tout le reste, et la planète avec, bien sur.
La qualité
d'humanité s’acquiert individuellement, de par le choix personnel et l’initiative
individuelle. Elle n'est donc observée que chez une toute petite minorité
d'individus.
Tous les autres
individus font, consciemment ou plus souvent inconsciemment, un autre
choix:
Ils cherchent
les réponses toutes faites, l'avis de la foule, la formule politiquement
correcte, la réponse officielle, au lieu de la vérité.
Ils s'en tiennent à
l'avis de la majorité, à la coutume et à la jurisprudence pour trouver ce qui
est juste.
Ils se donnent bonne conscience en pratiquant un peu de charité,
mais concluent hâtivement que ceux qui sont dans le malheur sont les perdants
qui n'ont que ce qu'ils méritent.
Ils cultivent les malentendus et les préjugés
pour se donner raison, ou bonne conscience.
Ils aiment le jugement a priori et
les procès d'intention qui permettent d'arriver vite à l'accord de la majorité
pour désigner et condamner un bouc émissaire, ou pour ridiculiser l'opinion de
celui qui soutient courageusement une opinion novatrice, ou simplement mettre
la minorité en position de faiblesse dans un débat, tout en se parant de la
qualité dite ‘démocratique’ de ce débat.
André Teissier du Cros
[1] Primate: Mammifère dont les
caractéristiques uniques sont la possibilité de se tenir sur les deux pattes
arrières ou jambes; de faire tourner le bras a 360 degrés autour de
l’épaule ; de faire tourner le poignet de 180 degrés autour du bras
étendu ; d’opposer le pouce aux quatre autres doigts de la main,
permettant la saisie d’un objet ; aussi la vision parfaitement
binoculaire qui permet la sensation optimale du relief et de la distance. Chez
les hominiens les plus évolués la forme de plus en plus concave de l’os hioïque
permet le développement du larynx donc le perfectionnement du langage...
http://www.comitebastille.org/2013/02/quest-ce-quun-etre-humain.html